INTRODUCTION
Le très officiel Bureau de Désertion de l'Emploi est né du constat qu'on manque d'outils pratiques sur la sortie de l'emploi. Le principe de l'emploi n'est pas très critiqué en général, même dans le milieu militant de la gauche radicale. C'est souvent vu comme un truc personnel et privé au contraire du capitalisme qui lui est ouvertement critiqué. Pourtant, de la critique du travail en théorie, il y en a en veux-tu en voilà! Mais après avoir lu Bullshit Job de David Graeber, Boulots de merde de Julien Brygo et Olivier Cyran, Manifeste contre le travail du groupe Crisis ...) eh ben on est pas très avancé pour sortir concrètement de l'emploi dans nos vies! Ou plutôt sortir l'emploi de nos vies une bonne fois pour toutes! Même l'emploi "alternatif" hein! C'est bon quoi, les boulots ultra précaires dans l'associatif avec aucun respect du code du travail et une abnégation forcée, ça va 5min et c'est vraiment pas satisfaisant! Pareil pour le piège de l'Economie Sociale et Solidaire qui n'est qu'une forme d'économie capitaliste sauce dem (qui vise à donner une valeur marchande à la solidarité et l'écologie et vide ces valeurs de leur radicalité en les pliant aux exigences économiques) ou encore l'auto-entrepreneuriat sauce bio qu'on veut nous imposer (exploite toi toi-même quoi!). En vrai, on est tout plein à se démerder pour échapper le plus possible ou totalement au monde du travail.
C'est pas simple et on part pas tou.te.s sur un même pied d'égalité. Selon nos origines sociales, notre santé, notre classe et race sociale, notre âge, notre situation administrative, notre genre, nos capacités etc on peut plus ou moins se le permettre. L'emploi occupe une place centrale dans notre société, cela ne se résume pas à la question économique avec le salaire comme moyen de subsistance (dans notre société, travailler pour gagner de l'argent est vu comme le seul moyen de subvenir à ses besoins). L'emploi a aussi une fonction sociale (pour certain·es le travail est le seul moment en contact avec d'autres personnes) ou d'utilité sociale (même dans une société individualiste, le besoin de se sentir utile et donner un sens à sa vie reste important) qui apporte une forme de "sécurité" en échange du temps qu'on lui donne. Sortir de l'emploi, c'est dépasser certaines peurs (la peur de ne plus avoir de logement, de ne pas manger à sa faim, de se retrouver isolé·e, de s'ennuyer ...) et la pression sociale.
En attendant qu'on arrive à s'organiser collectivement pour pouvoir subvenir à nos besoins hors du champ marchand, faut bien qu'on trouve des solutions.
On verra dans cette brochure comment se débrouiller face à l'administration (dans la partie 1). Après tout cela n'est pas sans contre-partie. Puisque l'Etat n'est qu'une machine à organiser l'exploitation du peuple par les détenteurs du capital qui ont logiquement érigé le travail comme valeur, il nous met la pression via les institutions de gestion des pauvres. On va voir comment on peut se dépatouiller avec ces institutions pour leur faire cracher les miettes de leur système pourri qu'on a pas choisi et auquel on ne veut plus participer. Et quand même les miettes ne nous veulent pas, on verra comment on peut s'entraider pour que la question de la survie matérielle et économique ne soit plus qu'une question individuelle mais aussi collective (dans la partie 2).
Alors, que tu aies besoin de ton temps et ton énergie pour militer, aider tes proches, faire ce qui te plait vraiment et/ou simplement prendre le temps de vivre et que tu te demandes comment faire concrètement, économiquement, cette brochure est pour toi!
Et si tu ne peux pas quitter ton emploi, ne vois pas cette brochure comme une provocation et ne te rends pas malade pour lui en travaillant toujours plus, toujours plus vite. Tu peux tirer au flan, saboter, si possible... et ne pas te tuer au travail, car le travail tue.
Qui sommes-nous ?
Nous sommes des hommes et femmes cis et trans blanc.he.s, avec des papiers, fil·les d’employ·ées. On a fait des études et même travaillé dans des assos, entreprises, institutions et aujourd'hui plutôt que d’être salarié·es, on s'organise collectivement, se débrouille et/ou milite dans des lieux collectifs ZAD et squat. Mais parfois, ça nous arrive de vendre temporairement notre force de travail! La plupart d'entre nous touche le RSA mais l'une d'entre nous n'y a pas droit et travaille plus souvent.
Nous sommes des hommes et femmes cis et trans blanc.he.s, avec des papiers, fil·les d’employ·ées. On a fait des études et même travaillé dans des assos, entreprises, institutions et aujourd'hui plutôt que d’être salarié·es, on s'organise collectivement, se débrouille et/ou milite dans des lieux collectifs ZAD et squat. Mais parfois, ça nous arrive de vendre temporairement notre force de travail! La plupart d'entre nous touche le RSA mais l'une d'entre nous n'y a pas droit et travaille plus souvent.