0.5 déserter l'emploi sans se retrouver sans ressources


Quand on en a marre de son emploi, nous ne sommes pas contraint·es à le subir éternellement (ouf!) ! il existe diverses solutions pour le faire, tout en bénéficiant de ses droits au chômage pour lequels on a cotisé ou du RSA.(contrairement à ce que nous affirment les patrons, qui en bons bourgeois moralistes, considèrent que si on ne veut plus travailler, on doit assumer notre choix et démissionner sans toucher de chômage …)

Tout d’abord le mieux c’est de fuir au maximum les Contrats à Durée Indéterminée (CDI), qui s’ils offrent une certaine stabilité pour se projeter dans le temps (achat immobilier, famille, tout ça), sont moins adaptés lorsqu’on a pas envie de bosser toute sa vie. Pour toucher le chômage il faut négocier avec son patron ou trouver un moyen de se faire virer !

L’intérim et les Contrats à Durée Déterminée (CDD) ont l’avantage d’être une période de travail limitée avec une date de fin à laquelle on peut bénéficier du chômage, libre à nous de les renouveler ou non à la fin de la période du contrat !

Arrêt maladie pour s’échapper de temps en temps du travail


Si ce n’est pas possible de quitter définitivement son emploi, on peut avoir recours aux arrêts maladie pour souffler un peu de temps en temps ! (ça peut aussi aider si vous voulez vous faire virer par la suite)

Il faut pour cela passer par la case médecin généraliste pour qu’il diagnostique une incapacité temporaire de travail. Ça marche mieux si on a un·e médecin généraliste conciliant / compréhensif ou si on est bon·ne comédien·ne !
Si on a pas de médecin·e conciliant·e, il y a l’option du jeûne pendant 3 jours jusqu'à la crise d'acidose et là, la tension est tellement basse qu'on est mis en arrêt direct! Attention, à ne faire que si la santé le permet bien sûr. On peut aussi passer par la case psychiatre. En ayant quelques connaissances du DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders), y’a moyen de feinter un « trouble mental » comme y disent...

Cet arrêt maladie peut aller de quelques jours à quelques semaines / mois et être renouvelé à l’envie / besoin ! Il y a un délai de carence avant de toucher une indemnité (3 jours en général et 1 jour si on est dans la fonction publique) donc c’est mieux que l’arrêt dure plus de quelques jours et si on renouvelle l’arrêt (si on reprend que 48 heures entre deux arrêts, on a pas de nouveau délai de carence !)

Attention on ne touche pas 100% de son salaire et plus on est en arrêt dans l’année, moins on percevra de salaire! la loi garantit une indemnité équivalente à 50 % du salaire versé par l’assurance maladie, et à partir d’un an d’ancienneté, l’entreprise complète cette indemnité sur 30 à 60 jours par an (en fonction de son ancienneté) pour atteindre 90 % du salaire brut (au bout du 8éme jour seulement) sur une période limitée puis à hauteur de 66 % sur les 30 à 90 jours. [2]

Démissionner


La démission ne donne pas le droit à l’indemnité chômage (sauf quelques cas, notamment si c’est pour suivre sa/son compagne ou si on arrive à prouver que son employeur ne respecte pas ses obligations).
Si on n’a pas de droits au chômage, qu’on s’en fout de toucher son chômage, qu’on en peut vraiment plus, on peut s’inscrire au RSA. (et si on retravaille quelques mois après on pourra quand même toucher les droits chômage de cette période d’emploi)
Pour ça tu devras tout de même t’inscrire à Pôle emploi (avec une attestation Pôle Emploi remise par ton employeur) et envoyer la notification de refus de l’allocation de retour à l’emploi à la CAF.

Se faire licencier


Pour toucher le chômage, une des options reste de se faire virer et les moyens d’y arriver ne manquent pas. Généralement arriver souvent en retard, faire son travail lentement / avec un excès de zèle qui ralentit la cadence [3] ou se mettre régulièrement en arrêt maladie fonctionne pas trop mal ! [4]

Ça peut être plus ou moins long avant ta démission suivant ton utilité / remplaçabilité dans l’entreprise ou si ton employeur est relou !

Cela peut ne pas être très agréable et créer des tensions avec tes collègues et/ou ton employeur qui peut essayer de te foutre la pression ou te harceler (dans ce cas tu peux te mettre en arrêt maladie)

Contrairement aux idées reçues, le licenciement pour faute grave (absence injustifiée, refus d'effectuer une tâche présente dans le contrat de travail…) ou lourde (intention de nuire à l'employeur et à l'entreprise du genre sabotage) ouvre droit au chômage ! Pour la faute lourde, si on a envie de faire un peu de sabotage, l’employeur peut te coller un procès aux prudhommes et demander de payer des indemnités. Ça sera à lui de prouver que tu as voulu lui nuire de manière intentionnelle, donc si tu fais ça discrétos ou te couvres, tu devrais être tranquille !

Le cas de l’abandon de poste


C’est une des techniques les plus prisées pour se faire licencier mais ce n’est pas la plus simple. En effet, l’employeur n’est pas obligé de te virer si tu ne vas pas travailler, il peut juste arrêter de te verser ton salaire, mais il n’a aucune obligation de te licencier (même si globalement il finit par le faire) !

S’il a envie de te virer, il t’enverra un courrier de mise en demeure pour te menacer de licenciement si tu ne rentres pas dans le rang. Il ne faudra surtout pas y répondre, ensuite ton entreprise pourra te licencier ! Cela peut être plus ou moins long suivant comment ton employeur a envie de te faire chier ! (attention si la période sans salaire est longue, cela peut réduire tes futures indemnités chômage)

L’inaptitude médicale à exercer son emploi


Une option possible (mais un peu plus longue) est de se faire reconnaître inapte médicalement par la médecine du travail [5]. Dans ces cas là, l’employeur est censé nous reclasser et nous trouver un autre emploi compatible avec notre inaptitude médicale. Bien souvent ce n’est pas possible et dans ce cas l’employeur va te licencier ou bien tu peux négocier une rupture conventionnelle ! L’inaptitude médicale peut être une option intéressante si tu as cumulé plusieurs arrêts maladie longs !

La rupture conventionnelle


Si pour diverses raisons tu n’as pas envie / te sent pas de faire chier ton entreprise pour te faire licencier, tu peux tenter de négocier une rupture conventionnelle [6]. Elle permet de mettre fin au contrat de travail d’un commun accord ! Ce n’est pas quelque chose de très répandu mais si ton employeur est « sympa » ça se tente !

Dans tous les cas ton employeur devra te verser ton solde de tout compte, te filer une attestation de travail et une attestation pôle emploi indispensable pour toucher ton chômage !

Et dans la fonction publique ?


Les fonctionnaires, titulaires de la fonction publique bénéficient de l’emploi à vie avec un droit du travail spécifique qui est censé les protéger contre le risque de perte d’un emploi ! Si c’est quelque chose de très pratique pour plein de personnes, ça nous arrange moins quand on veut quitter son emploi !

Quitter son poste ne veut pas dire qu’on démissionne ou qu’on est licencié, on reste toujours titulaire de la fonction publique et on ne peut ni bénéficier de ses indemnités chômage ni toucher le RSA !

En revanche, si on est fonctionnaire stagiaire c’est globalement plus simple : l’administration va plus facilement accepter notre démission ou nous licencier, ça lui fera un·e relou de moins à gérer par la suite !

Démissionner quand on est fonctionnaire


Démissionner dans la fonction publique n’est pas aussi simple que dans une entreprise, il faut faire une demande écrite motivée à l’administration dont on dépend (et pas seulement à son responsable hiérarchique), demande qui sera examinée dans les 4 mois et qui peut être refusée ou ignorée par l’administration. (Dans ce cas il faut faire appel de la décision ou refaire une autre demande.) Cette démission ne donne pas droit aux indemnités chômage sauf si rapprochement de conjoint.e/concubin.e mais on peut s’inscrire au RSA !

Licenciement d’un fonctionnaire


Le fonctionnaire peut être licencié pour faute ou pour insuffisance professionnelle après avis du conseil de discipline. « L’insuffisance professionnelle consiste en l'incapacité à exercer les fonctions correspondant à un grade par rapport aux capacités que l'administration est en droit d'attendre d'un fonctionnaire de ce grade. »
On peut aussi être licencié pour inaptitude médicale suite à un arrêt maladie de longue durée.

Il faudra pour ça faire une demande de reconnaissance de cette inaptitude au comité médical départemental. Si ce comité reconnaît cette inaptitude, l’administration proposera des pistes de reclassement (l’idéal c’est de se faire déclarer inapte à toutes activités qu’on est susceptible d’exercer, par exemple pour burn-out si on travaille en bureaun pour rendre plus difficile le reclassement) qu’il faudra refuser de manière catégorique. A ce stade l’administration peut nous placer en disponibilité (sorte de congé sans solde, dans ce cas c’est pas terrible) ou bien engager une procédure de licenciement (qui devra elle aussi passer par une commission).
Dans ce cas là le licenciement ne donne pas systématiquement droit à l’allocation chômage (car l’administration considère que cette perte d’emploi n’est pas involontaire)
L’administration peut essayer au maximum de nous maintenir dans l’emploi et le processus de licenciement risque d’être long. Mieux vaut se faire accompagner par un syndicat (si on trouve un syndicaliste compréhensif [7]).

[2] il y a un tableau qui résume ça : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F3053
[3] https://www.hacking-social.com/2016/05/09/etre-stupide-ou-lart-du-sabotage-social-selon-les-lecons-de-la-cia/
[4] On vous recommande le livre « se faire virer » https://www.editionsducommun.org/products/se-faire-virer-manon-delatre
[5] Voir les deux liens suivants sur le sujet : https://www.droit-travail-france.fr/licenciement-inaptitude.php ou https://travail-emploi.gouv.fr/sante-au-travail/suivi-de-la-sante-au-travail-10727/article/la-reconnaissance-de-l-inaptitude-medicale-au-travail-et-ses-consequences
[6] Voir le lien suivant avec un récap sur l’inaptitude médicale : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F19030
[7] Voir cet article du SNES sur les alternatives à la démission dans la fonction publique https://toulouse.snes.edu/spip.php?page=article&id_article=1311