1.c associations, des "alliées" qui veulent nous faire bosser


Les assos qui veulent nous insérer dans le marché du travail


Dans le cadre du RSA, il arrive que certains départements délèguent le taf de gestion des pauvres à des assos. Ce sont des assos spécialisées dans la "réinsertion" et qui font un taf de contrôle sous couvert de conseil et de suivi. D'après l'expérience d'une personne dans le Bas-Rhin, l'asso n'est pas bien différente de Pôle Emploi et la conseillère une employée à bas salaire pour faire un travail de contrôle plus qu'autre chose. Après voilà, c'est des assos de réinsertion qui doivent répondre à des critères précis pour recevoir des subventions étatiques et/ou européennes et se sont crées parce qu’il y avait un créneau économique à prendre. On reste dans une logique de contrôle où on doit régulièrement remplir un contrat d'engagement qui nous engage à effectuer telle ou telle démarche dans les 3 mois à venir. En bonus dans le 67, un questionnaire chelou avec des questions intrusives et apparemment inadaptées telles que "attendez-vous un enfant" ou encore "pouvez-vous porter des charges lourdes?".

Les assos qui font de l'insertion


Il existe aussi des assos d'insertion qui peuvent être intéressantes pour apprendre certaines compétences (maraîchage, artisanat...) sans trop de stress, rentabilité. ex: Cocagne, Tremplin... Mais bon, leur but est toujours d'insérer les gens dans un marché du travail mondialisé, exploiteur et capitaliste en général pour des tâches peu valorisées dans la société et certainement pour occuper de potentiel.le.s révolté.e.s du système! Il y a aussi l'exemple d'Emmaüs dans lequel les "compagnon.ne.s' d'Emmaüs sont en dehors du système emploi, nourri logé contre leur travail de tri et recyclage d'objets. C'est un mode d'organisation collective ancienne et pas trop remis en cause par l'Etat étant d'utilité publique. Emmaüs reste un système mondialisé (410 assos dans 41 pays) critiquable de notre point de vue anarchiste car il y a de la hiérarchie là-dedans et du profit fait sur des personnes SDF [10]

Le dispositif "Territoires zéro chômeurs de longue durée"

Un autre dispositif d'insertion des pauvres dans la machine capitaliste est le dispositif "territoires zéro chômeurs de longue durée !" Cela a été mis en place par ATD Quart Monde et soutenu par la fondation de France... Le principe est d'identifier des territoires où des personnes sont privées d'emploi et les besoins non remplis par les collectivités locales et les entreprises privées (ex: garage solidaire, recyclage informatique, récupération, rénovation et revente de meubles, collecte et broyage de déchets, travaux d’espaces verts ou café solidaires). Aux premiers est proposé un emploi en CDI, rémunéré au Smic dans une entreprise à but d’emploi (c'est pas déjà le serpent qui se mord la queue?). Un jeu d’équilibriste complexe, subventionné par l’État à hauteur de 18.000 euros annuels par emploi, par les départements au prorata des allocations économisées, et par le chiffre d’affaires des EBE. Le tout pour un coût théoriquement neutre pour les finances publiques grâce aux gains sur les prestations sociales non versées. Bon alors, apparemment ça n'apporte pas les résultats escomptés, à savoir le retour sur le marché de l'emploi. Marché de l'emploi saturé après des décennies de délocalisation, mécanisation... Seul 5% des personnes concernées par le dispositif sont en effet réinsérées. "Cette problématique des débouchés n’a d'ailleurs pas échappé à Pierre Cahuc, membre du comité scientifique chargé de l’évaluation de l’expérience"

"Pour ATD, dans le chômage de longue durée « ce qui est en cause, c’est "l’employeurabilité" des entreprises, c’est-à-dire leur capacité à employer ces personnes, plus que l’employabilité de celles-ci ». En effet, une population appauvrie ne peut consommer de nouveaux biens et services, CQFD.
Mais bon « Il est légitime que l’État injecte plus d’argent que prévu si ça permet de remettre des gens dans le système » Il faut bien occuper les citoyen.ne.s, on ne sait pas ce qu'iels pourraient comploter s'iels avaient trop de temps libre! Clairement, c'est pas pour des questions sociales, de bien-être et d'estime de soi que l'Etat met ça en place!

Les assos qui facilitent l'exploitation des personnes exilées


Un truc intéressant à savoir par rapport au monde associatif, c'est que c'est un des rouages du système, même s'il peut être moins terrible que le monde de l'entreprise à but lucratif. Du coup, il y a une forme de charité envers les personnes de nationalité française privées d'emploi, pauvres afin de les "réinsérer" dans un système qui ne veut même pas d'elles. Mais on observe aussi cette charité, aussi bienvenue soit-elle, envers les personnes exilées qui sont maintenues dans la dépendance voire exploitées par le monde associatif. On pense par exemple au Secours Populaire qui fait faire du bénévolat à des personnes exilées pour aider d’autres personnes en galère, par exemple en triant des invendus, en coupant les cheveux etc. Qui organise ce travail qui en est un mais qui n’est pas reconnu comme tel ? Ce sont des personnes avec des papiers, salariées, souvent blanches (donc bénéficiant d’avantages par rapport aux personnes exilées bénévoles) et qui du coup tirent un certain profit et une certaine reconnaissance de cette situation. Aussi, cette partie du secteur associatif permet le bon fonctionnement de la société occidentale en prévenant toute révolte et en permettant l'exploitation de ces personnes au sein d'un marché du travail mondialisé. En effet, qui accepte de travailler sur les marchés de 5h à 12h pour 20€? Qui fait le ménage au noir chez les riches et qui garde leurs enfants? etc, etc... Loin de permettre une réelle autonomie et émancipation, ces associations finissent par collaborer avec le système capitaliste inégalitaire au possible et ne changent rien au fond du problème.
Pour conclure sur les assos, on constate qu'en termes de travail, leurs objectifs ne sont pas les mêmes que les nôtres, à savoir un changement radical et profond vers une société juste et égalitaire, enfin libérée du concept foireux de l'emploi et de l'insertion. Cela dit, on peut s'en servir pour gratter des avantages (dons, RSA en échange de leur contrôle, formations pouvant être intéressantes...).

[10] Voir ce témoignage sur Reporterre : https://reporterre.net/Derriere-l-utopie-d-un-village-d-Emmaus-l-exploitation-de-la-misere